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4 juillet 2017 2 04 /07 /juillet /2017 18:00

Leurs corps l'un dans l'autre, ils s'aimaient. Il l'embrassait dans le creux de son cou, dégageant de la main ses cheveux bruns qui s'affolaient sous les coups. Elle le caressait, sur le visage et sur le poitrail, sur ses épaules et sur ses fesses, redoutant son plaisir ou bien qu'il s'affaisse. Leurs bouches, si proches, se cherchaient et se chatouillaient, et parfois même les dents se heurtaient, provoquant des rires francs et animaux dans la couche. Ainsi ils s'aimaient, mouillant de leurs salives leurs corps suaves et sauvages.

Toute bonne chose a une fin. Quand Henri trouva son plaisir, il bascula et s'écroula sur la paillasse qu'on avait, pour l'occasion, rembourrée par simple précaution. Il la regardait, cette jeune et jolie femme, qu'en Béarn il avait rencontrée. Elle, elle fermait les yeux, attentive à son corps, à son ventre aussi qui, peut-être et si la chance lui souriait, portait déjà un royal héritier. Il lui prit la main, avec une douceur infinie, et lui murmura des mots que la tendresse lui dictait.

Au plaisir de notre bon roi
Au plaisir de notre bon roi

Derrière les volets perçait le jour et les rumeurs du marché qui s'établissait à peine parvenaient aux oreilles des deux amants. C'était d'abord de faibles conversations qui se transformèrent bientôt en un intense piaillement, brouhaha composé des bavardages bravaches des brocanteurs et des blagues bon enfant des camelots qui flambaient là de délicieux rots. Enfin les odeurs, celles de pain chaud et de viande cuite, leur parvint et Henri n'y tint plus : il voulut descendre.

Au plaisir de notre bon roi
Au plaisir de notre bon roi

Se saisissant d’une chemise, il rajusta sa culotte et, l’instant d’après, il était déjà dans ses bottes. Elle demeurait là, dans le lit, à moitié nue, recouverte à peine du drap grossier qui avait enveloppé leurs ébats. Il lui promit de revenir bien vite, ce qu’il pensait faire car la vue de ce corps blanc et charnu faisait déjà bouillir son sang. Elle lui sourit d’un sourire comme une promesse et ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, il n’était déjà plus dans la pièce.

Au plaisir de notre bon roi
Au plaisir de notre bon roi

Sur le seuil, la porte était entrouverte pour laisser passer le jour. Deux soldats en faction regardèrent leur seigneur dont ils avaient entendu les exploits mais ils n’osèrent, les gaillards, témoigner au roi de leur virile solidarité. Ils s’écartèrent, penauds et envieux, de ce que cet homme pouvait faire selon son bon plaisir tandis qu’eux, vermine sans noblesse, éprouvaient les pires difficultés à trouver dans le mois une aimable maîtresse.

Au plaisir de notre bon roi
Au plaisir de notre bon roi

Au marché, tout attirait Henri. Son ventre réclamait son dû tandis que son vît n’en pouvait plus. Les poulardes rôties, le lard gras, les pommes rouges et le bon vin lui lançaient des regards à peine farouches. Lui, bon prince et seigneur en tout lieu, déliait les cordons de sa bourse autant de fois que le lui ordonnait son appétit. Il tendait même à la faible troupe qui l’entourait ce qu’il ne souhaitait plus manger. Comme un coq en pâte, comme un poisson dans l’eau, il évoluait sans hâte au milieu des cailles et des rillauds.

Au plaisir de notre bon roi
Au plaisir de notre bon roi

Se souvenant de l’ultime délice qui l’attendait, la panse tendue des victuailles dégustées, il se dirigea vers l’une des hautes maisons qui entouraient la place.  Mais l’un de ses fidèles capitaines le coupa dans sa retraite. En un mot, Paris, notre bon Henri comprit. La politique n’attendait pas et Labastide en Armagnac resterait. Galant, il monta dans la chambre pour s'excuser. D’un seul regard elle comprit, détourna la tête et, poliment, le congédia.

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