Du bruit partout. Comme une symphonie de klaxons, de moteurs au repos et d’appels anonymes, lancés et emportés par le vent au gré des rues. La marche s'éternise et le soleil atteint bientôt son zénith. Un souffle chaud parcourt la ville, amollit les angles des immeubles et terrasse le moindre quidam. L’été s’annonce.
La sortie du labyrinthe est toute proche. De l’autre côté de la rue. Une forêt se termine, une autre commence, enclave verte dans un monde de verre et de béton. La traversée est rapide ; c’est vers l’ombre qu’il faut aller. Un buste d’or en guise d’accueil et c’est la promesse d’un eldorado. Mais le paradis, en réalité, correspondrait alors à une fraîcheur soudaine qui tempèrerait l’ardeur du jour.
Quelques degrés à franchir et la nature existe encore. Là bas, au loin, s’annonce déjà la ville conquérante, fière, presque arrogante dans son irrésistible invasion. Sous nos pas, c’est de la terre. Elle est sèche et virevolte dans les airs au moindre prétexte. Nos mains touchent des écorces aux rainures inégales et leurs occupants paraissent étrangers à la gravité. Vifs, ils s’effraient dès que les regards s’appesantissent et que les corps se meuvent.
La rumeur s’est amenuisée. A certains moments, elle s’éteint tout à fait. Tel un miroir de la tranquillité retrouvée, une onde calme aux reflets bleus s’étend. Un jet soudain dérange les quelques nageurs ailés qui cabotaient paisiblement, se prenant dans les herbes et les quelques branches tombées de leur végétale origine.
Ce sont ensuite de grandes clairières. L’horizon se hérisse de gris mais, sous nos pieds, c’est une herbe tendre. Certains y courent, d’autres s’y allongent, sur ce tapis qui rappelle que ce monde n’est que nouveau. L’océan urbain, au moins, est tenu en respect par ces digues qui s’appellent frênes, chênes ou noisetiers.
S’asseoir un instant, profiter. Supplantant les éclats des machines, les oiseaux chantent et le suroît fait frémir tout un monde inconnu dès que l’on sort du parc. Les fleurs des arbres ajoutent quelque couleur à ces tableaux d’un genre unique pour qui le bitume est un environnement habituel. Quelques roches assurent des sièges minéraux dans un théâtre végétal.
La ville nous ramène à elle. La vie, qui semblait un temps calquer son allure à celui du soleil, reprend un cours effréné. La pause fut courte. De nouveau, le labyrinthe s’ouvre, offrant d’autres plaisirs et d’autres objets de curiosités.