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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 22:13

En rangs sages, les vignes attendent patiemment la prochaine récolte, à la fin de la saison. Alors le travail d’une année livrera ses fruits et le millésime révèlera ses secrets. D’ici là, les grappes se gorgent de ce soleil si présent, et elles noircissent jour après jour, concentrant leurs arômes futurs en de petites billes charnelles.

Entre Dijon et Beaune, le vignoble bourguignon s’expose. De chaque côté d’une route absolument bénie, ce sont de grandes plaines au bout desquelles s’élèvent de courts reliefs, eux aussi vêtus des nectars en puissance. La côte. La réputation n’est plus à faire. La gastronomie des terroirs est ici chez elle.

Clos Vougeot 335Clos Vougeot 445

Les noms défilent, célébrités gustatives et vedettes vinicoles. Les étapes s’appellent Aloxe-Corton, Nuits-Saint-Georges, Meursault. Quelques tuiles vernissées sur les toits, une nonchalante tranquillité dans les rues ; l’agitation est sur les papilles, à l’ombre des devantures. Les trésors se pressent aux vitrines avec leurs noms prometteurs et leurs robes légères et impénétrables à la fois.

Clos Vougeot 338Clos Vougeot 411

En dehors de ces cités tellement riches, il n’est que le ceps, fier et bien vert. Des murs annoncent des demeures respectables et, au loin, surgit une masse au milieu de son fief. Un chemin y mène qui pourfend les nobles rangées. Tel un seigneur, il veille à son bien qui s’éveille, à ces milliers de perles brunes qui sont le terroir vivant.

Clos Vougeot 410Clos Vougeot 438

Une œuvre de cistercien que cette alchimie magique. Il n’a pourtant rien d’une abbatiale, ce château du Clos de Vougeot. Une apparence sobre, comme l’idéal cénobitique primitif, qui cache une cour surprenante. Le quadrilatère est régulier ; chaque aile remplit encore son rôle millénaire dans l’élaboration du précieux breuvage. Sur les façades, les marques du passage de la Renaissance. Le goût dans tous ses états.

Clos Vougeot 416Clos Vougeot 432

L’art architectural s’arrête pourtant aux surfaces. Après elles, c’est un art technique, un savoir-faire qui ne peut tolérer l’imprécision ni l’incurie. Les pressoirs sont comme des monstres de puissance. A leur échelle, il n’y a que les fûts qui recueillent les jus à peine sortis de leurs enveloppes délicates. Des instruments surhumains pour des liquides divins.

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Une dernière vue sur le domaine. La patience et la minutie pour seuls arguments. Le résultat est certes incertain mais la méthode est la bonne. Les années l’ont assez prouvé. Au milieu de cette forêt de vignes, le château marque le paysage, s’impose dans son terroir. Un château du goût pour l’exaltation d’autres palais.

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 17:18

Les vignes chablisiennes sont loin maintenant. Heureuses sont ces collines, verdoyantes et ordonnées en petits ceps aux grains à peine mûrs, encore minces et blottis les uns contre les autres, cachant en eux l’acidité des fruits juvéniles et élaborant déjà leurs tentations gustatives.

L’Armançon file entre les coteaux magnifiques. Ses eaux poissonneuses regardent déjà vers l’Yonne, plus méridionale mais tout aussi bien entourée des vallons viticoles, porteurs de noms enchanteurs. Cernée par ces terroirs délicats et baignée par des eaux sereines, Tonnerre est bâtie dans un amphithéâtre de douceur.

Tonnerre 096

Tonnerre : sa seule prononciation évoque les instants terribles des bruits sourds du ciel. Pour se dégager de cet a priori sémantique, la ville s’est érigée en des tons chauds et rassurants, bruns et écrus qui, conjugués à l’exubérance des végétaux, composent un tableau d’équilibre et de tranquille bienveillance.

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Le panorama ne suffit pourtant pas à dominer l’aimable cité. L’église Saint-Pierre, aux âges multiples, joue avec les styles, hésitant à se conformer au baroque ou bien à renouer avec ses origines gothiques. Etonnamment harmonieux, le sanctuaire use tour à tour de colonnes et de gargouilles, de pilastres et de tympans, de niches et de volutes.

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Par le chemin des pèlerins de Compostelle, aux marches incertaines et caillouteuses, s’entrevoit une porte bleutée. Lumineuse, elle inspire le mystère par ses abîmes invisibles. Antre de démon, porte de l’Enfer ; l’immense lavoir circulaire est propice aux légendes occultes. Tout autour de la fosse, penchées par-dessus l’auvent de tuiles rouges, veillent timidement les façades claires sur cet univers aquatique.

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Divona et le basilic demeurent immergés derrière nos pas. Au contraire de ces lieux réservés aux mythes sont des palais de la vie. L’hôtel d’Uzès affiche sa façade renaissance et sa porte, toute ornée de symboles, fut celle que passa tant de fois le chevalier d’Eon. A quelques pas, l’hôtel-Dieu étire son immense charpente, vaisseau de tuile et de pierre, refuge de charité et des bonnes œuvres. 

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Légendes et valeurs chrétiennes se côtoient étroitement dans la paisible cité tonnerroise. L’eau, la pierre et le vin sont autant d’éléments qui construisent une réputation d’étape agréable. Ainsi histoire et gastronomie se mêlent-elles ; plaisir des yeux et plaisir de la bouche s’entendent à merveille et plus encore quand le soleil, en bon libérateur, éloigne les spectres des tempêtes annoncées.

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