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25 mars 2015 3 25 /03 /mars /2015 19:00

Finalement je ne suis pas parti. J’ai tenté, j’ai essayé, je me suis obligé à m’en détacher. Cela n’a pas suffi. J’ai pleuré, j’ai prié, j’ai même supplié ; qu’importent mes larmes, je dois rester ici. C’est en voulant joindre Saint-Jacques que je suis arrivé au Puy. Tout décidé que j’étais à franchir les Pyrénées, j’avais voulu me faire reconnaître comme le descendant de ces pèlerins par le gardien de la cité.

J'arrivai par le nord. Un instant je restai sur place, la ville s'offrant à moi en contrebas. C'était un tableau saisissant : l'été irradiait d'un azur absolu, et les forêts d'un vert sombre formaient autant de spectateurs attentifs de la ville, qui rougeoyait vivement. Tel le brasier dans un hiver pénible, je me sentis attirer par la chaleur des tuiles et entamai alors ma descente vers la ville.

La cité aimante
La cité aimante

Cherchant mon chemin, je trouvai bien vite les escaliers qui mènent au saint des saints. Je trouvai l'évêque, lui expliquai la raison de ma venue. Son accord obtenu, j'écoutai ses conseils et ses louanges sur cette place dont il connaissait tous les recoins. Je passai le reste de la journée à déambuler dans la cathédrale en y appréciant les sombres tons de lumière qui s’y jouaient.

La cité aimante
La cité aimante

Le lendemain, je fus dans le cloître, m’arrêtant à chaque colonne, et profitant de ce soleil qui demeurait. De là, je pus voir, en sa fière armure de fonte, la Vierge de sang, issue des outils de mort et pourtant image d’espoir et de vie. Je fus bientôt sous sa protection, tant son ombre était un asile, redoutant déjà de redescendre vers l’hôtellerie où je m’étais établi. Me décidant enfin à l’effort, je fus surpris de me perdre dans ces lacis pavés.

La cité aimante
La cité aimante

Ma dernière visite, avant mon départ, devait être pour l’aiguilhe. J’y parvins non sans effort ; j’y retrouvai un roman simple, et un endroit si réduit que je jugeais que, de fidèles, il ne pourrait en contenir plus de dix. Entre les courtes colonnes et les peintures séculaires, je demeurai telle une idole, immobile et indolente. Combien de temps dura cet instant ? Je ne sais guère. Quand je ressortis, le jour tombait : le soleil couchant diluait dans les nuages ses tons orangés.

La cité aimante
La cité aimante

Le jour que je devais partir, je me levai tôt et me lavai aussitôt. Le pied sûr, je me décidai de rejoindre le chemin de l’Espagne. Cependant les heures passèrent, et je ne parvins pas à sortir ; car quelque détail me détournait aussitôt de ma route, ou bien telle cour se découvrait derrière une porte qui jusque là avait été close. Devant les façades je me sentais comme dans un carnaval de géants, où les masques colorés se mélangent et créent chez qui les regardent l’interrogation de ce qui se cache en dedans.

La cité aimante
La cité aimante

Depuis des jours je tente et tente encore et revient chaque soir à ce lit que je ne cesse de maudire. Ainsi dans mes promenades, je lève souvent les yeux, tant pour me repérer que pour déceler quelque richesse inviolée. Je marche ainsi, telle une âme en peine comme en joie, exalté mais malheureux de chacune de mes trouvailles. Je ne sais si, de ce sort, je ne pourrai jamais me délivrer : car le Puy, en son Velay caché, a su capté mon âme et ne semble point disposé à me la restituer.

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