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29 juillet 2016 5 29 /07 /juillet /2016 18:00

 

L’été achevait de brûler dans le ciel où paraissaient, timidement, les contours de la lune. Des nuées d’oiseau profitaient de l’irradiation des rayons lointains, hésitant sans cesse sur la direction à prendre. Aucun nuage ne troublait l’horizon, et la nuit elle-même tardait à venir comme pour laisser le temps se dérouler à sa guise. La soirée venait enfin et posait sa chaleur sur le village et ses champs autour, enveloppant dans un cocon les maisons et les enclos.

Au long des saisons, on voyait les habitants vaquer à leurs occupations. Auprès de la Dordogne se pressaient les pêcheurs, attentifs à leurs lignes qui ne manquaient pas de couler. Les écailles jaillies de l’eau brillaient d’argent dans la brume matinale. Certains plaçaient déjà leurs prises sur des cendres chaudes, et des odeurs alléchantes parcouraient les rives où se pressaient bientôt les enfants.

L'ombre du grand forestier

 

Dans la douceur des après-midi, les hommes guettaient les coudes de la rivière, bleue, délicieusement ondulante, murmurant ses clapotis. Il venait parfois des barques pleines d’hommes et de vivres qui visaient les grandes villes près de la mer. Des rives et des esquifs, les mains s’agitaient et les voix bourrues s’interpellaient en riant ; chacun demandait à tous des nouvelles de ceux qu’on connaissait et des évènements, heureux ou non, dont l’annonce s’était déjà propagée.

L'ombre du grand forestier
L'ombre du grand forestier

 

Dans les rangs de vignes, les grappes pesaient de plus en plus lourd. D’un rouge intense ou, plus loin, d’un vert qui confinait à l’or, chaque grain se gorgeait de saveurs qui se laisseraient deviner quelques années plus tard. Les hommes et leurs grands enfants marchaient lentement sur la terre sèche, tâtant ces promesses délicates et les goûtant parfois, échangeant en un regard la satisfaction du travail qui porte ses fruits. éjà propagée.

L'ombre du grand forestier
L'ombre du grand forestier

 

Un jour vint au village un homme voûté, aux cheveux sales et à l’œil flamboyant. Il demanda l’aumône. On la lui accorda volontiers, car c’était le jour de la fête des récoltes, si abondantes cette année. Les blés dormaient dans les champs. Pour les célébrer, les boulangers faisaient cuire des miches en grand nombre, distribuées à la foule paisible. L’étranger visita le village, salua les artisans et vanta la beauté des femmes. Il partit en jetant un regard triste sur ces maisons hospitalières.

L'ombre du grand forestier
L'ombre du grand forestier

 

La chaleur baissait mais l’automne se laissait désirer. Dans la cité, la forge rougeoyait toujours. Les outils agricoles s’accumulaient en vue de l’hiver. Durant les soirées, les femmes sortaient entre elles, les hommes entre eux, et certains représentants des deux sexes se donnaient discrètement rendez-vous près du château où, parfois, les surprenaient les soldats en de fougueux ébats.

L'ombre du grand forestier
L'ombre du grand forestier

 

La rumeur, cependant, avait gagné tout le pays. On parlait d’invasion, de guerre, de violation. Quand, aux premières lueurs d’un jour semblable aux autres, les plus matinaux des habitants devinèrent les armes éclatantes, ils restèrent glacés de stupéfaction. Les coups s’abattirent et les maisons brûlèrent. Le vin fut bu tandis qu’on précipitait les gens dans la rivière. L’ombre du grand forestier avait gagné les lieux.

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