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16 février 2017 4 16 /02 /février /2017 19:00

Puisque je suis quelqu’un d’original, j’ai toujours aimé l’été. D’abord parce que c’est la saison des vacances, et que je m’y sens libre, et ensuite parce que toutes les couleurs, si le soleil veut bien briller, éclatent. En réalité, elles sont libres, les couleurs, comme moi. L’été, je sors du matin jusqu’au soir. Je quitte mon petit appartement proche des avenues sans âme, proche des zones commerciales, et je vais vers la mer.

 

Je fais des détours et je lorgne sur les vitrines des petits commerçants. Je n’entre jamais, ou très rarement. Mais alors je bafouille un bonjour, on me regarde de haut en bas, je fais mine de regarder mais je veux être déjà parti. J’attends quelques minutes, pour me donner une contenance alors que la gêne ne fait qu’amplifier, puis je sors en marmonnant un salut souvent inaudible.

Un soir d'été à la mer
Un soir d'été à la mer

L’été, je rencontre des tas de gens. Je ne les rencontre pas vraiment, en tout cas pas au sens où on l’entend ordinairement. Dans la rue, ou sur le chemin de la côte, ou près des cabines des plages, je les croise, je les observe et parfois, même, je les envie. Ce sont des couples, des hommes et des femmes jeunes ou plus vieux, du genre qui ont du faire le tour du monde et que je croise pourtant chez moi. Certains ont des enfants qu’ils tiennent par la main ou laissent courir. Eux, les enfants, plus que tous les autres, plus que moi, ils sont libres.

Un soir d'été à la mer
Un soir d'été à la mer

On voit aussi leurs animaux, des chiens, évidemment, qui jappent et aboient et s’aventurent jusque dans la mer. Cela dérange parfois les baigneurs, surtout ceux qui peinent à entrer dans l’eau, et qui sont à mi-mollet ou à mi-corps lorsque les chiens les éclaboussent alors. Souvent je passe l’après-midi assis sur le sable, c’est-à-dire sur une couverture et sous une casquette, un bouquin quelconque à la main - en fait, ce n’est jamais un bouquin quelconque mais toujours un livre choisi avec soin - et je souris béatement.

Un soir d'été à la mer
Un soir d'été à la mer

Il m’est même arrivé de m’assoupir, malgré les bourrasques de vent, malgré mes incertitudes quotidiennes, malgré ma solitude. Lorsque je me réveille, les gens sont revenus vers la ville. Les immeubles à loyer modéré voisinent avec les vieilles bâtisses dix-neuvième siècle entretenues ou bien délabrées. Ces dernières occupent les extrémités de la ville, qu’elles semblent dénigrer du haut de leurs si nombreuses années mais que les promeneurs ne négligent pas, lorgnant à la fin du jour de leur côté.

Un soir d'été à la mer
Un soir d'été à la mer

Même quand la soirée est avancée, il y a toujours, immobiles parmi les amoureux se tenant par la main, les fous du cerf-volant, les yeux en l’air, les mains assurant les gestes qui amadoueront le vent. Ces escadrons placides subissent les assauts tranquilles des mouettes, sternes ou goélands, sans que je ne sache jamais quelle espèce d’oiseau j’observe, qui rient et caquettent, sûrement heureux d’être ici, à Berck.

Un soir d'été à la mer
Un soir d'été à la mer

Lentement je remonte les marches vers l’esplanade. Une odeur de friture tient le pavé, invite mes narines à succomber. Bien évidemment je suis faible, et cède finalement. Dans la file, les pièces dans la poche, je regarde et j’écoute. Les gens racontent leurs journées, s’amusent, se draguent, se vantent. Je reste silencieux et j’attends. On me sert ma barquette, je paie, dis merci. Je vais m’asseoir sur un banc, seul, pour continuer à voir le spectacle de la vie.

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