Sur les toits dansent les couleurs. Des bleus et des gris, des ocres par le soleil ragaillardis. Le soir tombe et la journée se termine ; au loin les phares de la ville retardent encore la nuit qui se dessine. En contrebas s’animent les anonymes, arrêtés près des vitrines, affranchis de toute discipline. Ils virevoltent, papillonnent, se pressent et s’agglutinent.
La Seine coule à quelques pas ; pourtant, on ne l’entend pas. Sa course se tait sous le flot de l’urbain fatras. Prise dans la masse du bruit et de la foule, l’âme divague et se perd ; mais à force de chercher des repères, elle sort de ces vagues aveugles et étrangères. Les rues de la capitale, d’un nouveau jour s’éclairent, dans le froid de cette journée hivernale.
C’est d’abord une cour aux accents artistiques. Trois pavillons classiques et une pyramide devenue symbolique forment les abords d’une caverne richissime. De l’autre côté un arc signifie le triomphe des arts, drapé de marbre rose et de bas-reliefs mythologiques. Sous cette porte l’on ose, timidement, un regard à ces scènes pathétiques. Au loin demeure le Louvre, et ses promesses esthétiques.
Par devant apparaît un parc au palais disparu. Une allée verte aux statues claires, comme une promenade offerte aux nombreux visiteurs. Les gardiens haussmanniens veillent au-delà le jardin tandis que dans celui-ci s’épanouissent les plantes vertes et carmin. Par-dessus elles, que le vent caresse, restent immobiles les Apollon et les chasseresses. L’illusion palatiale est presque complète ; même l’eau, au centre, jaillit telle une fête.
Les Tuileries s’échappent sous nos pas, et leur histoire avec, hélas. Sur la place qui lui fait suite règne la concorde entre la pierre et les arts. Des bronzes et des ors, une agréable partition rythme le décor. En toile de fonds sont deux hôtels qui jaugent une fontaine et l’obélisque, qui d’Egypte venu, est de la place l’astérisque.
Quelle richesse, se dit-on, traversant l’espace comme d’un château une belle pièce. C’est le théâtre parisien qui se donne en représentation et qui construit de la ville sa réputation. Chaque détail est comme l’expression d’une minutie qui travaille au luxe et à la féérie d’une remarquable et brusque opulence qui laisse ébahi.
Le soir venu rien ne s’arrête. Le tourbillon étourdit plus fort encore ceux qui, papillons nocturnes, se pressent à ces lumières qu’ils adorent. D’un bout à l’autre de cette balade, s’écrit l’histoire d’une ville qui toujours, par ses trésors cachés ou exposés, stupéfie.