Le long canal de la Rance est un merveilleux parcours de curiosités. Entre Rennes et Saint-Malo, la Rance s'étire, mouillant les lieux les plus délicieux. Le moindre rayon de soleil se reflète de la plus belle des façons sur les eaux calmes et sur la flore aux légers accents méridionaux.
Quelques lieues avant la cité corsaire de Saint-Malo, une autre cité de caractère domine le canal, abaissé à ses pieds mais non domestiqué. La vieille ville, qui malgré son âge n'a rien perdu de sa superbe, domine aisément la Rance qu'elle salue tendrement, cachée derrière ses murailles d'un autre temps.
Les maisons, qui hésitent entre le rude granit et le bois chaleureux, s'accordent en une belle harmonie. La bonhommie exquise qui transparaît de ces hautes demeures plonge le visiteur en un univers rassurant. Quelques beaux hôtels particuliers viennent, ci et là, dorer un peu plus le blason d'une cité charmante à tout point de vue.
De petits personnages sculptés accompagnent, un temps durant, les promeneurs aventureux. Au bout de la rue de l'Horloge, l'hôtel Keratry - dont le nom fut sûrement forgé par les Bretons les plus bretonnants - affiche une sympathique ribambelle de lutins colorés. L'ensemble est supporté par des colonnes de granit décorées de surprenants ordres doriques.
Dinan profite de sa richesse architecturale pour retenir entre ses bras de granit les amateurs de cachet. Au milieu des maisons se dresse la haute tour de l'Horloge. Sa stature brutale répond au clocher de la basilique Saint-Sauveur, ouvrage aux allures néogothiques, dernière demeure du coeur de l'un des héros militaires français : Bertrand du Guesclin, connétable de France sous Charles V. Le maître-autel d'inspiration baroque illumine par ses dorures un intérieur qui ne manque pas d'éclat grâce aux vitraux, médiévaux ou contemporains.
La prière des uns répond à la fureur guerrière des autres. Bastion imprenable, le château bombe son donjon au-dessus des antiques murailles. La pierre exprime ici toute sa force et s'impose, sans gêne, à la vue de tous. Une longue promenade rampe, sereine, devant ces défenses formidables.
A l'exact opposé du château médiéval, la rue du Jerzual descend jusqu'au modeste port. La rue pavée se faufile entre les fiers pénates. Le port se dévcouvre, calme, distillant avec harmonie les éléments de son décor : forêt protectrice, maisons hautes et bateaux inertes. Au-dessus des eaux de la Rance se jette le vieux pont de pierre aux arches inégales.
Dinan est comme un musée à ciel ouvert. On s'y promène doucement, pour ne pas déranger le repos des lieux. Les curiosités se rangent sagement, guettant le regard attentif des marcheurs. Cité médiévale idéale, Dinan attise les imaginations et ravit l'oeil. Alors, comment ne pas dire oui à Dinan ?