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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 18:06

C’est une symphonie dont le chef d’orchestre est mystérieux, les musiciens invisibles et dont la mélodie ne s’arrête jamais. C’est une musique qui envoûte et qui emmène son auditeur dans un monde précis. Un monde de chaleur où le soleil est implacable. Un monde irradié et brûlé, et asséché et miraculé.

Cette musique n’hésite jamais. Si elle perd tantôt de la vigueur, c’est pour mieux la retrouver au plus fort de la journée. Si on la croit absente, c’est que l’esprit l’a toute entière absorbée, jusqu’à en faire un rythme naturel qui accompagne tous les mouvements. Même le bruit de l’asphalte ardent ne la recouvre pas. Même les cris de surprise ne l’oublient pas.

Gordes 905

Le criquet s’est-il tu, ou bien a-t-on, pour un instant, délaissé le chant lancinant de ces loquaces sauterelles ? La découverte laisse sans voix. Les yeux grands ouverts. La bouche l’imite. Le corps tarde. A réagir. Il essaie. Se reprend enfin, et les mots essaient d’exprimer cela, ce village, cette conquête sur le vide, ce clocher qui dépasse. Gordes 941

Malgré les nuages menaçants, une pâle lumière dorée l’illumine. Le bleu sombre du ciel, qui appelle l’orage, contraste puissamment avec les toits orangés. Les tuiles, on le sent, restitue la chaleur de la journée. Ou bien de l’été entier. La pluie se retient. Une goutte est-elle tombée ? Non pas, et le village s’éclaire, mi-inquiet, mi-fier. Gordes 908Gordes 937

Prudemment, la menace se retire. Le soleil fait place nette et reprend son irréductible position. Au centre de Gordes, une fontaine, comme un secours déjà présent. Les arbres sont beaux et généreux. Le minéral et le végétal se retrouvent, à l’abri des regards, au bas du village. Le lavoir est un rendez-vous discret, où les uns font la cour en usant de leur ramage, quand la fine ondée clapote de plaisir.

Gordes 928La pierre fragile, l’équilibre instable et la force des années, associés aux verts cyprès. Il y a un parfum d’Italie dans ce Luberon provençal. Remonter vers le château par les chemins inégalement pavés. S’arrêter à chaque faux-plat pour contempler le site. Toucher du doigt, sans force aucune, les fleurs qui tombent sur les murs. S’étonner devant une porte Renaissance, ou classique, on ne sait plus.

Gordes 923

La promenade ne s’arrêterait jamais. On croiserait un passage ombragé, où l’on s’arrêterait un moment. Le vent nous saluerait par sa fraîcheur bienvenue. On lèverait les yeux, on trouverait une blanche statuette, on se confondrait devant le campanile plus tôt aperçu. On reviendrait vers la source vive, en apercevant un crépi fuyant, un volet hésitant ou une porte vieille de cinq cents ans. On rêverait encore. Gordes 909

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commentaires

B
En lisant votre article, je ne retrouve pas les sensations que nous avons eu l'été dernier. Nous avions visité Gordes il y a une quinzaine d'année au début du printemps, ét cela ressemblait à vos<br /> écrits. Mais en Juillet dernier, nous étions assailli de toutes part, les touristes sans-gène, il fallait payer partout, et certaines ''constructions'' nous semblaient déplacées dans ce cadres.<br /> Quant au Lubéron, c'est un lieu magique. Nous y retournons encore, mais toujours à l'est, près de Forcalquier. Nous y trouvons des magnifiques petits villages et des habitants attachants.<br /> Merci pour cette ballade. A bientôt.
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L
<br /> <br /> Nous y sommes aussi allés en juillet dernier, mais au début de ce mois. Il n'y avait pas encore trop de monde. Mais je comprends votre désarroi face à une certaine disneylandisation des sites<br /> touristiques majeurs (type Mont Saint-Michel, Concarneau ou Collonges-la-Rouge) où la plupart des touristes va là parce que c'est à voir (selon le guide). L'économie et la superficialité semblent<br /> prendre le pas sur les siècles qui ont permis à ces beautés qu'on les contemple. Nous avons sûrement eu de la chance de découvrir Gordes comme vous l'aviez découvert il y a 15 ans.<br /> <br /> <br /> C'est vrai que le Luberon est magique. Nous l'avons traversé vite, en deux jours, pour repartir ensuite vers Arles et la Camargue. Mais il y a ce charme provençal, et sans doute les criquets nous<br /> incitent-ils à revenir.<br /> <br /> <br /> Merci pour ce commentaire. A très bientôt.<br /> <br /> <br /> <br />
M
De nombreux villages dans tout le midi de la France sont perchés de la sorte , Roussillon, Pyrénées Orientales .On les reconnait par la couleur de leur pierre ...<br /> De belles photos , une description original !<br /> belle journée à vous Bisous
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L
<br /> <br /> Oui c'est pour cela que nous partons, les étés, dans cette France méridionale. J'avoue avoir été saisi par la vision qu'offrait Gordes lorsque, en fin d'après-midi, nous la découvrions dans une<br /> lumière qui rendait une impression étrange.<br /> <br /> <br /> Merci pour le passage et le commentaire. A bientôt.<br /> <br /> <br /> <br />
E
j' adore ces villages haut perchés avec ces ruelles , qui nous offrent des visions différentes à chaque pas
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L
<br /> <br /> Oui nous aussi ; c'est pour ça que nous avions choisi de passer par le Luberon car outre Roussillon et Gordes sur lesquels j'ai déjà écrit, d'autres suivent, notamment Ménerbes. Merci pour le<br /> passage et le commentaire.<br /> <br /> <br /> <br />
M
Très belle promenade en mots et en photos. L'appel du grand sud et du soleil qui ne se montre plus.
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L
<br /> <br /> Eh oui c'est pour cela que j'avais envie de montrer un peu de bleu dans tout ce gris qui nous entoure. Ceci dit, ça va peut-être le faire finalement venir, ce grand absent. A bientôt (au soleil,<br /> j'espère) !<br /> <br /> <br /> <br />

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