Un vieux panneau usé, presque éclaté. Entre le liseré bleu inégal apparaît un nom ancestral, que certains n’ont peut-être pas oublié. La route existe-elle encore seulement ? Le témoin de ces temps reste silencieux, attendant probablement que l’on vienne le décrocher ou bien l’encadrer. Il restera là, scrutant encore les pas et les passages, les pressés et les gens sages.
Loin de ce vestige, Chevreuse vit paisiblement. Ses rues bitumées prennent le soleil, et derrière les hauts murs des belles demeures semblent se libérer les végétations vertes ou bien en fleur. Ses volets sont ouverts, ses pierres de taille paraissent dorer au soleil et ses rares moellons rougissent tout pareil.
Au bord du petit canal, le regard se perd à compter les nénuphars. Aucun n’a fleuri, mais cette absence est compensée par les alentours ; les reflets de l’eau sont alors plus riches que l’air qui nous chauffe les os : c’est une myriade de couleurs, nuancée à peine par les troubles que viennent causer, dans l’onde tranquille, quelque araignée ou libellule agile.
La lumière, sans s’éteindre, se tamise fortement à l’entrée de l’église. Et les voûtes, comme des pattes, s’agrippent fermement aux dalles. L’aspect sombre de celles de la nef contraste avec la succession d’images qui anime celles du chœur. Tandis que le bleu roi promet un ciel que certains saints, peints avec minutie, semble déjà connaitre dans leur éternel répit.
La vallée offre des paysages verts et divers en cet été. Accroché à quelque pente décidément rude, des plants de vignes aux grains pas assez mûrs. A bien y regarder, ils ne sont pas isolés. Vers le sommet de cette colline anodine, un édifice austère s’est érigé en gardien de ce qui donnera le vin. Accolé à cette bâtisse de rouge et de gris, un verger patiente. Ses fruits lourds bientôt tomberont, peut-être dans une bouche impatiente.
Si, au contraire, l’on descend vers le val, il surgit alors une chapelle qui autrefois fut abbatiale. Les noms illustres ne manquent pas, qui passèrent ici, et firent de Port-Royal, une fabrique de génies. Racine lui rendit hommage, l’appelant cloître vénérable, et que l’on peut aujourd’hui saluer comme remarquable.
La première plaque indiquait un département perdu ; la deuxième reprend les vers d’un dramaturge glorieux. Le point commun est hasardeux, et l’on ne saurait le forcer. Alors que dire, si l’on ne veut rien ajouter. Peut-être reprendre ce vers qui résume de ces lieux la simplicité : « Je vis ces beaux lieux du ciel bien aimés ».