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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 12:14

La Sarthe file calmement vers le sud, sans aucun aria à l’horizon. Son cours est limpide et ses eaux olivâtres. Sur les quais du côté des fondations premières de la cité mancelle, le vent parcourt les allées d’un jardin plaisamment entretenu où les fleurs des champs avoisinent les broussailles sages et farfelues à la fois. Aussi des allées d’herbe rase permettent une plus grande proximité avec ce parc qui semble improvisé.

Pour pénétrer la cité, encore faut-il passer ses murailles. Secondées par des maisons hautes et blanches, les gardiennes du Mans n’évoquent pas de sombres périodes mais plutôt une fierté antique comme un puissant désir d’esthétisme. Dans une teinte à dominante rougeoyante, ce sont des motifs millénaires qui se font jour ; géométries simples et alignements ordonnés suffisent à créer une chaleureuse harmonie.

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Heureusement les défenses d’autrefois ne sont plus ; un court effort suffit à étreindre les ruelles pavées et les détours imperceptibles. Aux beaux jours de l’automne, les pierres blondes se plaisent à rendre l’éclat timide du doux soleil qui se montre enfin. Alors, les couleurs des pans de bois jaillissent avec plus de violence et les statuettes de saints rivalisent de bienveillance quant aux voyageurs qu’elles surplombent.

Le Mans 481Le Mans 435

Les hôtels Renaissance ne sont pas en reste. Décorés avec force détails, ils exhibent des appendices sculptées et des pignons audacieux : ce sont les belles heures qui reviennent. Tout concourt alors à embellir son voisin et à magnifier le cadre dans lequel ces minces édifices prennent place : telle colonne sculptée, telle exubérance végétale lasse, telle pierre séculaire aux reliefs cassants.

Le Mans 440Le Mans 405

Longeant les rues, goûtant au calme immodéré à l’ombre des enseignes colorées, l’on se perd délicieusement dans ce dédale. L’ombre rassurante de la cathédrale vient alors à notre secours, déployant sa masse immense en autant d’arcs-boutants et de porches protecteurs. Sa silhouette subjugue les cœurs et les âmes, lancée dans un défi à Celui qu’elle sert.

Le Mans 363Le Mans 401

A l’intérieur, c’est une étrange et poétique dichotomie qui s’opère. Dans la nef romane, une douce lumière dorée baigne chapiteaux historiés et voûtes abaissées tandis que dans le chœur gothique, c’est une passion rosée qui colore les murs et les trésors sacrés. Si ce n’est pas vers la spiritualité que l’on s’incline, c’est au moins vers la reconnaissance des arts et le culte de la beauté que se tournent nos pensées.

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D’une époque à l’autre, on va dans Le Mans comme dans un livre d’art. Derrière les remparts gallo-romains, voici les témoignages médiévaux et Renaissance qui affluent dans chaque venelle ; on s’y engage pour une découverte et c’est l’histoire, grande ou petite, qui nous tend alors les bras.

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5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 19:41

L’air iodé fuit sur les routes depuis les marais alentours. Un air sain et frais, un air de la mer qui fouette les visages : les prémices de la côte. Les eaux paraissent dormir entre les herbes sauvages et les bords craquelés des œillets. Les voies désertes offrent aux rares paludiers présents un silence bienheureux.

Quelques toits jaunis, au loin, assurent d’une présence humaine dans les environs. Et quand les marais disparaissent, la forêt prend le relais, comme inaccessible dans le paysage, mur vert qui interdit tout horizon. L’eau s’agite soudain, frémit sous l’action du vent, lâchant quelques particules iodées que les narines accueillent comme une promesse future. Guérande 123Guérande 124

La mer approche. Les oiseaux la chantent, là haut. Quelques kilomètres encore de marais, et Guérande surgira. En arrivant par les faubourgs, le suspense monte. Les murailles sont cachées, les montagnes de sel demeurent introuvables. Mais enfin les remparts se dressent, tous créneaux dehors, précédés d’un fossé sombre. La porte, encadrée par deux tours rondes aux diamètres menaçants, pourrait encore subir le choc d’une troupe.

Guérande 062Guérande 064

Au centre de la modeste cité, la collégiale Saint-Aubin élève ses pinacles gothiques et son clocher acéré. L’entrée dans le sanctuaire se fait par le portail sud. La pierre grise offre un écrin bien sombre aux vitraux de lumière. Celle-ci jaillit par tous les personnages vitrifiés. Les scènes bibliques s’illuminent mais peinent à éclairer l’entièreté de la maison divine.

Guérande 080Guérande 069

Aux pieds de l’église s’échinent des paludiers immobiles, perchés sur des échasses ferreuses. Par leurs las et leurs lousses, tous indiquent ces maisons anciennes qui composent la vieille cité médiévale. L’une d’elles, à pans de bois bleu, veille sur la chapelle Notre-Dame-la-Blanche tandis que, de l’autre côté des pavés usés, une devanture d’améthyste réveille la rue de sa torpeur hivernale.

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Enserrée dans ses fortes clôtures ouvragées, Guérande a la chance de ne pas être tout à fait envahie par les commerces intempestifs. Au gré des rues et des venelles se suivent les hautes maisons et les folles végétations. Et les murailles quittées à l’entrée de la cité reparaissent à la fin de la promenade, telle une épanadiplose itinérante.

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La cité du sel n’en a pas les murs blancs pour autant. Au milieu des marais, l’ancienne cité médiévale élève sa belle stature sur les parcelles aquatiques qui portent en elles cet or clair. Guérande et ses hauts murs calque son rythme de vie sur celui de son précieux sel. Si les saisons chaudes battent leur plein, les froides, elles, patientent sagement ; comme le sel qui remonte lentement à la surface des marais, la foule saura bientôt revenir. Profiter des moments de quiétude, c’est alors assister à l’énième gestation de tout un pays.

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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 20:26

Est-elle bretonne ou ligérienne ? La question est autant géographique qu'identitaire et pourtant, Nantes, loin de subir un quelconque antagonisme somme toute sémantique, unit ses deux coeurs en une métropole particulièrement riche.

Où est le centre de cette ville qui voit la Loire prendre son dernier élan avant l'Atlantique ? Large, la Loire est pourtant calme, imprimant à Nantes accrochée à ses rives une belle douceur de vivre. Navires et demeures forment avec le fleuve un paisible triptyque au bord duquel la flânerie est une exquise obligation.

Nantes 153Nantes 146

En remontant la Loire vers l'amont, on perçoit les masses claires de l'ancienne résidence des ducs de Bretagne. Le fleuve royal qui autrefois passait auprès des murailles blanches a laissé pour tout héritage de minces douves parfaitement entretenues. Derrière les tours médiévales apparaît un corps de logis immaculé à la toiture haute toute d'ardoises.

Nantes 094Nantes 103

La cour reflète la pureté des murs extérieurs. Le logis principal présente une grande finesse d'exécution ; l'on retrouve alors, dans cette marche ligérienne, le caractère et le raffinement des plus fameuses oeuvres architecturales que la Loire accueille. Comme une marque d'empreinte du fleuve, l'Histoire de France s'est invitée en ces lieux. Ainsi le château vit-il naître Anne de Bretagne en 1477 - qui apporta son duché aux fleurs de lys - et c'est aussi entre ces murs que fut conclu l'édit de Nantes en 1598 qui mit fin aux guerres de Religion dans le royaume de France.

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Le chemin de ronde offre un vaste panorama sur la cité nantaise. Le regard s'ouvre sur d'amples perspectives du côté de la cathédrale, vaisseau stoïque à la clarté communicative. La pierre ici utilisée, aussi bien sur les plus importants édifices que sur les habitations communes, a conservé son entière pureté, induisant une certaine douceur des teintes. Il y a alors comme une réciprocité entre l'eau, la pierre et l'atmosphère de la cité : tout vit dans une sérénité paisible, une tranquille affabilité reconnue par les habitants dans un consensus général.

Nantes 104Nantes 108

Le château pose un problème de taille aux identitaires forcenés de tout poil. Par sa position géographique et surtout son histoire, l'aimable forteresse est indéniablement bretonne, haut lieu de la cité qui fut, sept siècles durant, capitale du duché de Bretagne. Anne, sa duchesse respectée, veille encore, statufiée à la sortie du château.

Mais comment, à la vue de ce tuffeau taillé, modelé, ciselé, comment ne pas voir surgir de nos pensées Blois, Chambord, Amboise ou Chenonceau ? Par sa forme et par son art, le château de Nantes est l'ultime représentant des joyaux ligériens. La ville elle-même semble battre au rythme de son auguste fleuve.

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 21:30

Aujourd'hui département quelque peu marginal, coincé entre les deux métropoles que sont Rennes et Le Mans, la Mayenne est pourtant un département riche en histoire. Autrefois partie de la région du haut Maine, la Mayenne possède cet attrait bucolique des campagnes peuplées de chênes solitaires, de champs de maïs balayés par les chauds vents d'été et de vaches apathiques, broutant nonchalamment ce tapis vert des bocages.

C'est dans ce cadre reposant que nous sommes partis à la recherche de cette Mayenne historique. Deux sites, deux époques, deux pouvoirs politiques différents qui se sont installés, à quelques kilomètres de distance. 

À 10 km au sud-est de Mayenne, c'est l'un des plus importants sites gallo-romains de tout l'Ouest français. Jublains est aujourd'hui une petite ville qui suscite la curiosité des archéologues. L'antique Noviodunum fut une ville importante, située au croisement des relations entre la Manche et la vallée de la Loire. Quatre monuments sont présentement visibles ; le reste de la cité serait caché sous l'actuelle ville de Jublains.

Le musée prend place dans la forteresse aux dimensions imposantes, datant du IIIème siècle après J.C. Dans le village, sous l'église, ce sont les thermes qui sont visibles. Une explication audio nous permet de mieux comprendre le site, son utilité et son fonctionnement. Les thermes sont véritablement l'un des marqueurs les plus significatifs de la romanité dans les provinces conquises. Après cette animation, le chemin se poursuit vers le théâtre, datant du Ier siècle après J.C., de forme circulaire et de taille modeste. Encore une fois, on ne peut que souligner le souci d'explication la plus claire possible mis en place par le service départemental de la Mayenne. Le terme de théâtre ne doit pas tromper ; s'il pouvait y avoir, effectivement, des scènes théâtrales dramatiques, il pouvait également s'y dérouler des combats de gladiateurs. Ah ! Ces Romains savaient vivre ! La place de chacun dans les gradins n'était pas laissée au hasard ; les personnages les plus importants de la cité s'asseyaient aux premières loges. Deux mille ans plus tard, rien n'a changé ...

À côté du théâtre se trouve le temple. À l'origine, il s'agissait d'un temple consacré aux divinités gauloises ; les Romains l'ont simplement transformé.

Nord Mayenne 173Nord Mayenne 177Nord Mayenne 181

Nous quittons Rome et son imaginaire, ses gladiateurs et ses légionnaires, ses toges viriles et ses prêtresses. Remontons vers le nord de la Mayenne et, du même coup, profitons-en pour faire aussi un bond dans le temps. Rendez-vous au Moyen Âge, aux XIIIème, XIVème et XVème siècles. Après Mayenne, la route file, toute droite, jusqu'à une « petite cité de caractère » : Lassay-les-Châteaux. Les châteaux ? Oui, car il y en a trois dans cette localité. Différemment conservés, différemment mis en valeur, différemment accessibles au public aussi, mais témoins de la vitalité de cette région au Moyen Âge.

Le plus important des trois châteaux est construit du XVème siècle sous Charles VII. Tout droit sorti des contes médiévaux, avec ses tours imposantes et sa barbacane exemplaire. On ressent toute l'angoisse que pouvaient éprouver les assaillants d'une telle forteresse. Nord Mayenne 152Nord Mayenne 165

La visite est animée par un guide fortement attaché au château. Visite instructive qui nous emmène à travers les nombreuses pièces du château : la cuisine – avec son billot et son potager –, la salle d'armes, la chambre à coucher et la salle à manger. À côté dudit château, la balade est agréable le long de l'étang ; le tout confère au lieu une impression romantique – merci aux hommes du XIXème siècle ! – particulièrement apaisante et propice aux rêveries amoureuses.

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Le deuxième château que nous avons pu visiter – le troisième étant dans une propriété privée – est le château de Bois-Thibault, à l'extérieur de la ville ; il est dans un état de ruine plus avancé que le premier château mais il reçoit le soutien heureux d'une association qui travaille à le restaurer. Cette association avait ouvert les portes du château à l'occasion des Journées du Patrimoine.

Quel étonnement quand nous avons découvert plusieurs pièces, encore très bien conservées. Cheminées encore visibles, salle de voûtes au sous-sol, grandes fenêtres encore intactes. Le château de Bois-Thibault possède un réel potentiel de charme que, visiblement, l'association a bien envie d'exploiter. On ne peut que se féliciter que de telles initiatives privées voient le jour, sauvant ainsi des monuments en péril.

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Antiquité romaine, Moyen Âge tardif, voici une Mayenne que l'on n’attendait pas. Au milieu de paysages fortement marqués par la ruralité, des vieilles pierres nous rappellent que la région fut un carrefour important pour le passage des hommes et des marchandises ; une région qu'il a fallu alors protéger : Jublains et Lassay sont deux témoins, parmi d'autres, de cette Mayenne historique.

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  • : Récits de voyage, fictionnels ou poétiques : le voyage comme explorateur de la géographie et de l'histoire.
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