La Sarthe file calmement vers le sud, sans aucun aria à l’horizon. Son cours est limpide et ses eaux olivâtres. Sur les quais du côté des fondations premières de la cité mancelle, le vent parcourt les allées d’un jardin plaisamment entretenu où les fleurs des champs avoisinent les broussailles sages et farfelues à la fois. Aussi des allées d’herbe rase permettent une plus grande proximité avec ce parc qui semble improvisé.
Pour pénétrer la cité, encore faut-il passer ses murailles. Secondées par des maisons hautes et blanches, les gardiennes du Mans n’évoquent pas de sombres périodes mais plutôt une fierté antique comme un puissant désir d’esthétisme. Dans une teinte à dominante rougeoyante, ce sont des motifs millénaires qui se font jour ; géométries simples et alignements ordonnés suffisent à créer une chaleureuse harmonie.
Heureusement les défenses d’autrefois ne sont plus ; un court effort suffit à étreindre les ruelles pavées et les détours imperceptibles. Aux beaux jours de l’automne, les pierres blondes se plaisent à rendre l’éclat timide du doux soleil qui se montre enfin. Alors, les couleurs des pans de bois jaillissent avec plus de violence et les statuettes de saints rivalisent de bienveillance quant aux voyageurs qu’elles surplombent.
Les hôtels Renaissance ne sont pas en reste. Décorés avec force détails, ils exhibent des appendices sculptées et des pignons audacieux : ce sont les belles heures qui reviennent. Tout concourt alors à embellir son voisin et à magnifier le cadre dans lequel ces minces édifices prennent place : telle colonne sculptée, telle exubérance végétale lasse, telle pierre séculaire aux reliefs cassants.
Longeant les rues, goûtant au calme immodéré à l’ombre des enseignes colorées, l’on se perd délicieusement dans ce dédale. L’ombre rassurante de la cathédrale vient alors à notre secours, déployant sa masse immense en autant d’arcs-boutants et de porches protecteurs. Sa silhouette subjugue les cœurs et les âmes, lancée dans un défi à Celui qu’elle sert.
A l’intérieur, c’est une étrange et poétique dichotomie qui s’opère. Dans la nef romane, une douce lumière dorée baigne chapiteaux historiés et voûtes abaissées tandis que dans le chœur gothique, c’est une passion rosée qui colore les murs et les trésors sacrés. Si ce n’est pas vers la spiritualité que l’on s’incline, c’est au moins vers la reconnaissance des arts et le culte de la beauté que se tournent nos pensées.
D’une époque à l’autre, on va dans Le Mans comme dans un livre d’art. Derrière les remparts gallo-romains, voici les témoignages médiévaux et Renaissance qui affluent dans chaque venelle ; on s’y engage pour une découverte et c’est l’histoire, grande ou petite, qui nous tend alors les bras.