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9 août 2017 3 09 /08 /août /2017 18:00

Nous sommes le peuple d’au-delà du feu. Nous sommes des hephaïstos en bleu de travail. Nous sommes les fourmis, nous sommes la cheville, nous sommes le marteau et nous sommes l’enclume. Nous sommes une armée qui domptons la lave, nous sommes les maîtres du fer, nous sommes les mains d’or. Nous : les ouvriers. Nous : les sidérurgistes. Nous : les gars des hauts-fourneaux. Nous : ceux d’Uckange.

Par vagues silencieuses, nous arrivons. Nous sommes des centaines. Mille deux cent, exactement. A pied ou en bus, nous débarquons chaque matin prendre notre quart. Nos camarades de la nuit sont au poste, attendant notre relève, épuisés et noircis par les heures. Sans un mot, nous reprenons les mêmes gestes que nos frères et que nos pères. Le haut-fourneau est un ogre dont l’appétit ne se tarit point. Le jour, la nuit, il dévore. Nous sommes ses innombrables nourrices.

1962
1962

La bête, la machine, quel que soit son nom, nous l'alimentons de minette. C'est le nectar et l'ambroisie de ce dieu vorace. Nous en sommes les prêtres ; certains diront : les esclaves : car le haut-fourneau ne se rassasie ni ne s'arrête. L'ai-je déjà dit ? C'est que, tous, nous sommes les mains et les cerveaux de l'infernal fourneau. La moindre inattention est une erreur fatale. Mangés, à notre tour, par l'acier rouge.

1962
1962

Chaque jour, des trains ou des bateaux viennent déverser les stocks qui brûleront dans les fours. De la mine de Saint-Charles ou des flots de la Moselle, il en vient de partout comme des offrandes à une antique puissance. Les libations sont versées par les Straehler, rondes et immenses. Ces barriques de métal, rendant hommage en se baissant, vomissent leur dû dans les bouches sans cesse affamées des biens-nommés U.

1962
1962

La production est le maître-mot. C'est la litanie affirmée, proclamée, murmurée, chantée (dit-on, dans les bureaux de la direction seulement), comme une prière sans cesse renouvelée. La gueuse doit sortir, toujours plus abondante, toujours de qualité supérieure, puisqu'ici nous ne connaissons que cela : l'excellence. Nous sommes en 1962, un record va être battu. Un record de production. Une année phare. Une lumière dans nos vies ouvrières.

1962
1962

Une fois la fonte liquide coulée, une fois le gueusard rempli et débordant, une fois la gueuse refroidie, une fois les trains et les bateaux chargés, tout cela ne nous appartient plus. Tout cela part : vers le sud, vers le nord, l'ouest, l'est, et surtout la Sarre. Nos anciens frères. Ils sont Allemands, nous ne le sommes plus. Mais ils sont ouvriers, et nous le sommes encore. Jusqu'à quand, demandent les pessimistes. Jusqu'en enfer, répondent les gueulards de la gueuse.

1962
1962

Mais nous sommes en danger. Nous, derrière nos masques, dans nos chaussures lestées, nous qui connaissons les gestes, nous qui avons travaillé dix, vingt ou trente ans ensemble, nous sentons planer la menace. Les mots changent : vétusté : surcoût : concurrence. Ce dernier est le plus terrible. Car ce sont les camarades du monde qui possèdent l’avenir désormais. Le nôtre : l’agonie assurée. Et ce nonobstant notre vitalité.

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3 août 2017 4 03 /08 /août /2017 18:00

La rumeur disait que le roi allait venir. De village en village, elle avait sauté de bouche à oreille entre les porches et sur les chemins. Le roi venait pour une affaire de frontière, qu’il consoliderait par un mariage ou défendrait par la guerre. Pour le moyen, c’était à voir, mais son apparition était certaine. Du haut de son donjon, ce qui est une expression car, en réalité, il était le plus souvent dans ses jardins, le seigneur de Villemonteix attendait cette arrivée.

Son premier ordre fut, par coquetterie et dignité, de nettoyer de fond en comble son humble palais. Il fit même détacher les tapisseries, auxquelles plus personne ne songeait, car elles étaient le mur, tout simplement, et que c’était elles que l’on rasait lorsque le seigneur manifestait son mécontentement. Ainsi pureté fut rendue à Villemonteix dont le seigneur, sûr de son fait, sifflait guilleret en attendant le passage princier.

Celui qui ne viendra pas
Celui qui ne viendra pas

Il vit d’abord passer les marchands qui à la foire se rendaient. C’était une grande foire où tout se vendait, des bestiaux et des jupons, des céréales et des salaisons. Ils saluèrent le maître des lieux et s’enquirent de ses réserves. Sur ce point il les rassura puis il les pressa de partir, au cas où le roi surgirait du bois. A leur suite la caravane s’ébranla, et il ne resta bientôt plus qu’une fine poussière qui rapidement s’effaça.

Celui qui ne viendra pas
Celui qui ne viendra pas

Quelques jours plus tard, les paysans apparurent. C’était de pauvres bougres, hâves pour la plupart, habillés de guêtres qu’ils tenaient de leurs pères et de leurs mères. Ils n’erraient pas, non, ils allaient eux aussi à la foire. Ils espéraient, au prix de toutes leurs économies, acheter quelque volaille ou un vêtement neuf qu’ils étrenneraient un dimanche à l’église. Leur révérence au seigneur fut plus longue que celle des marchands, car ils redoutaient de ce patient-là qu’il ne s’oppose à leur voyage. Il n’en fit évidemment rien, les pressant de partir pour ne point déranger le débarquement souverain.

Celui qui ne viendra pas
Celui qui ne viendra pas

Une semaine, puis une deuxième, passèrent. Les jours apportaient leur lot de pluie et de vent, ce qui faisait redouter au petit baron un royal enlisement. La rumeur coupa court aux inquiétudes : le roi n’avait pas pour habitude qu’on l’arrêtât. Et tandis que le souffle des paroles emportait vers le sud les nouvelles déjà entendues, une forte troupe de soldats défila devant le château. L’esprit chevalier, les armes rutilantes et les armures briquées, ils demandèrent le chemin de la guerre. Le petit puissant le leur indiqua, regrettant dans un soupir ses jeunes années de mousquetaire.

Celui qui ne viendra pas
Celui qui ne viendra pas

Deux mois avaient maintenant passé. Les paysans étaient reparus, et les marchands aussi, les uns heureux de leurs trouvailles, les autres contents de leurs affaires. Seuls les soldats avaient, semble-t-il, encore à faire, et lui, le seigneur, attendait toujours. Ses gens murmuraient dans son dos que son attente ne serait jamais satisfaite. Eux, au contraire, voyaient tous les jours de nouvelles figures, et ils se pressaient auprès d’elles pour fuir le visage du maître, de plus en plus vitreux et dur.

Celui qui ne viendra pas
Celui qui ne viendra pas

A force d’empilement, les jours avaient bâti un an. L’esprit et le corps du seigneur étaient minés par la honte, le désespoir et la détresse. La disgrâce l’avait frappé, d’évidence, puisque le roi n’avait daigné se présenter. Certains des gens, inquiets de la folie imminente, avaient déguerpi. Et quand, par hasard ou par obligation, un curé ou un colporteur s’invitait dans les environs, c’est à peine s’ils faisaient le détour pour saluer le maître des tours. La rumeur, désormais, s’échappait de celles-ci. Elle disait que dorénavant, la démence régnait ici.

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28 juillet 2017 5 28 /07 /juillet /2017 18:00

On avait formé deux files. A travers ce on si impersonnel apparaissent les visages impassibles, les têtes casquées, les corps grisés par l'uniforme, les balles de fer qui déchirent les chairs et avalent les vies. Deux files, donc, longues comme le jour promet de l'être alors que l'on n'est qu'à l'aube, à l'aube d'une ère nouvelle pour les deux groupes humains qui, compacts, se serrent pour lutter contre le froid.

Près de là coule un fleuve. Loin vers le nord, il se jette dans une mer froide, serpentant auparavant à travers divers paysages, se lovant contre les quais de villes aux noms bien connus et pourtant jamais vues, goûtant à une liberté absolue et, partant, inaccessible aux hommes. Dans les files, personne ne bouge. Tous attendent. Certains ont l'air hagard. Tous ont, qui sur le dos, qui sur l'épaule, qui à bout de bras, un baluchon qu'ils agrippent comme si c'était là toute leur richesse. C'est là toute leur richesse.

Sur la liste
Sur la liste

L'aurore est belle, pourtant. Dans ces matins de printemps, l'air est encore vif et les couleurs semblent tamisées, discrètes, et le contour des choses y est impalpable, indiscernable. Le soleil rougeoie et réchauffe ceux que les rares passants qui s'aventurent jusqu'à cette place appellent les malheureux. Ces passants ne sont pas de simples passants. Ce sont des ouvriers. Ils se rendent à la fabrique d'émail où ils abattront leurs heures de travail. Sans sourire, certes. Mais sans pleurer, toutefois car, à côté, sur la place, certains attendent.

Sur la liste
Sur la liste

Une vieille femme s'approche d'une plus jeune, dans l'une des files, et lui demande ce qu'ils attendent. La jeune fille baisse les yeux, ne répond pas. Une larme a glissé jusque sur sa joue, jusque sur son nez. Peut-être est-ce simplement une sécrétion nasale, liquide, qui fuit son antre originelle. La vieille femme n'a pas que ça à faire. Elle maugrée et s'en va. L'un des soldats, la main sur la mitraille, s'est avancée vers elle. Dans un polonais à peine compréhensible et cependant sûr de son débit, il lui ordonne de s'en aller. La vieille femme n'a pas un regard pour lui.

Sur la liste
Sur la liste

Tout à coup, un homme prend la parole. Il demande pourquoi ils doivent partir de leur quartier, laisser leurs foyers à des étrangers, tout abandonner là : leurs chaises, leurs tables, leurs lits, l'essentiel de leurs vêtements, même leurs chats et leurs chiens, même ces petits riens insignifiants pour l'Occupant et qui pour eux signifient tant. Sa femme le tire par l'épaule. Une jeune fille, derrière lui, prend sa suite, vilipende les soldats. Il a raison, provoque-t-elle. Nous sommes vos chiens, ou quoi ?

Sur la liste
Sur la liste

Dans l'autre file, personne ne bronche. Eux ont déjà abandonné leurs foyer : leurs chaises, leurs tables, leurs lits. On leur a dit qu'ils pourraient venir les reprendre. On leur a dit de ne pas s'inquiéter. On leur a dit de ne pas jouer avec la patience de l'Occupant. Kazimierz, Podgorze, quelle différence cela fait ? Regardez, on chasse les autres pour vous y mettre. Vous aurez la Vistule, vous aurez des maisons, dans votre pays, vous serez chez vous. A vrai dire, on ne leur a pas laissé le choix non plus. Certains ont essayé de résister. On les reconnaît, dans la file. Ils ont le visage tuméfié et sont soutenus par leurs proches.

Sur la liste
Sur la liste

La file bruyante se met soudain à avancer. Les soldats crient : Polonais, en route. Et les Polonais se mettent en route. Un garçonnet lève les yeux et demande la destination. Sa mère lui intime de se taire. Les hommes gris et casqués tiennent en respect l'autre file. Comme si, parmi ces pauvres hères, quelque héraut allait sortir et défier l'Occupant. A eux les heures de labeur à l'usine. C'est un Occupant qui la dirige. Ses compères ont déjà fait des listes. Tous ceux de la file silencieuse sont dessus. La chance, ou l'humanité, décidera de leur sort.

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22 juillet 2017 6 22 /07 /juillet /2017 18:00

C’est dans un bourg de l’autre côté du fleuve qu’on surprit le traître. Tandis qu’entouré de sa cour, il se pavanait, nos troupes entrèrent et s’en saisirent. Il ne se débattit pas, lâche et odieux, laissant pour ses misérables compagnons un simple : adieu. Alors que le prince du lieu bénissait notre action, nous repassions en France afin de le juger correctement. Sur la route il fit des difficultés : il savait que sa conduite ne résisterait pas à la vérité.

On le présenta à ses juges, hommes nobles et magnanimes. Tous provenaient de la noblesse la plus pure, celle des armes, qui sur les champs d’Europe avait fait montre de sa droiture. Et lui, malgré son nom, il tremblait de tous ses membres tel un pauvre petit garçon. On lui présenta les griefs, à savoir sa trahison et son complot contre l’empire. Il bredouilla quelques explications dans le but de nous séduire. Mais, inflexibles, nous prononçâmes sa condamnation.

Saint traître
Saint traître

Alors qu’on le menait devant le peloton, il se tourna plusieurs fois pour négocier sa libération. Cependant la justice nous animait, et la fidélité, principes essentiels que lui-même avait reniés. Nos visages fermés le convainquirent de notre décision. Sûr de son rang, et se croyant le roi, il voulut encore rencontrer l’empereur, puis commander le feu. Excédé par sa suffisance, notre lieutenant refusa ses exigences et fit taire l’orgueilleux.

Saint traître
Saint traître

Les rumeurs lui étaient déjà parvenues lorsqu’ils forcèrent la porte de son hôtel. Face à eux il se dressa, capturé mais point vaincu. Toisant ceux qui le saisissaient, il demeura stoïque quand on lui lut les actes qui l’accusaient. On parlait de trahison : il évoqua davantage l’amour et la raison. Mécontents de son assurance, ses ravisseurs le poussèrent dans une voiture, cahotante et ouverte à tous les vents, dans laquelle il traversa le pays pour y subir un certain tourment.

Saint traître
Saint traître

On ne laissa pas le duc se remettre de son voyage. Un prétendu tribunal avait été constitué qui d’Enghien voulait faire sa proie. Ce dernier, transi de froid, eut à peine les forces pour se justifier. Il faut dire qu’il se trouvait face à d’indignes assaillants. C’était à qui aurait le lignage le plus obscur. Se disaient juges des fils de marchands et de fripiers, ce qui était en soi pour le duc une vive blessure. Face à ses arguments, ils restèrent sourds et c’est une condamnation qu’ils prononcèrent, telles des bêtes voulant plaire à leur maître.

Saint traître
Saint traître

Alors qu’on le menait devant le peloton, il voulut, question d’honneur, interroger ledit empereur. Le nabot Léon n’était pas à Vincennes, mais en galante compagnie à applaudir quelque comédien sur scène. Alors, sachant son sort scellé, le duc en appela à l’humanité de ses bourreaux et voulut choisir le moment de son trépas. Cela aussi, on le lui refusa, alors il releva la tête et cria aux soldats de viser le cœur. Ils ne le ratèrent pas.

Saint traître
Saint traître

Dans la boue, sous la pluie de mars était étendu son corps. Il fumait encore des balles qui l’avaient pénétré. Duc l’instant d’avant, il n’était plus qu’un homme inerte, froid, mort. Sans souffle ni mouvement, il n’était plus un danger. Les soldats, muets un moment, s’avancèrent pour le relever et le porter en sa tombe. C’était un simple trou, comme on en creuse pour un chien aimé, et comme tel on l’y déposa.

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16 juillet 2017 7 16 /07 /juillet /2017 18:00

De mémoire d'hommes, le port n'avait jamais connu telle agitation. De tous côtés, des hommes et des enfants couraient, se bousculant dans un tohu-bohu joyeux d'où claquaient, souvent, de grands éclats de rire. Sur le quai, des caisses et des sacs s'entassaient. On les sortait à renforts de bras forts des cales de bateaux pris au nord, sur les flots battus par le vent. Un homme, seul, trônait au milieu de son butin.

Jean Bart. Son nom explosait si souvent des bouches rieuses que lui-même n'y prenait plus attention. On l'apostrophait pour un oui, pour un nom. On criait son nom pour le féliciter, pour lui demander une place sur son navire, pour lui demander une remise sur un sac de blé, pour le louer, pour lui donner une tape dans le dos, pour lui payer à boire à la taverne, pour l'inviter à sa table, pour le serrer dans ses bras, pour l'embrasser fort sur chaque joue, pour le regarder dans les yeux.

Du pain et des feux
Du pain et des feux

Lui, évidemment, restait serein. Il venait de vivre des semaines en mer, brinquebalé par les vagues, giflé par la brise, poursuivi par les Hollandais. Il avait vu le blé cerné par l'ennemi honni, il avait compris que la famine se prolongerait, il avait flairé l'argent sonnant du roi qui bientôt le flatterait. Alors, comme on joue un coup aux dés, il avait décidé d'attaquer. Sur les ponts, des hommes armés de sabre s'entretuaient. Ce fut un carnage.

Du pain et des feux
Du pain et des feux

Dans son carnet, il notait méticuleusement les denrées qu'on débarquait derrière lui. C'est que sa prise lui rapportait gros, en plus de ce que le roi, agacé par ses rivaux septentrionaux, lui paierait pour ses services. Son esprit était à l'argent, et non plus aux corps sans sang mais bientôt plein d'eau qu'il avait fallu faire basculer par dessus bord. Quelques Français seulement, et des centaines de Hollandais. La canaille coulait vite.

Du pain et des feux
Du pain et des feux

Un grand bruit lui parvint bientôt. A terre, un homme que l'on rouait de coups. Autour de lui une foule compacte, hargneuse, hurlante, le frappait de ses poings, de ses pieds et de ses domestiques objets. Battu à mort, le pauvre gémissait encore. Le grand capitaine vint à ses secours, dispersa la bête aux mille bras. Tel le bourgmestre, il s'enquit de l'origine de l'émotion. C'est que cet homme, qui gisait là, inerte, gardait depuis longtemps du blé en ses greniers. En somme, il n'avait eu que ce qu'il méritait.

Du pain et des feux
Du pain et des feux

Tandis que l'on relevait l'homme sanguinolent, ses compères accouraient peureusement sur les quais. Eux aussi avaient gardé du grain chez eux. Eux aussi souhaitaient dorénavant le vendre pour le bien-être de la population. La bonté augmente lorsque les prix baissent, approuva en souriant le grand Bart. Certains de ces coquins furent quittes pour une légère bastonnade mais les affaires reprirent vite et chacun marchandait maintenant au mieux les biens qui s'écoulaient.

Du pain et des feux
Du pain et des feux

La rumeur aussi avait débarqué. De bouche à oreille, elle décrivait la bataille en des mots glorieux. Pour le royaume, Jean Bart avait piqué des flancs et crevé des yeux. On lui porta alors sur un billet des nouvelles de l’amiral des Provinces-Unies. Il est mort, proclama Bart, mort pour quelques boisseaux de blé. Profitez braves gens, profitez donc, car le prix de ce blé est le prix du sang.

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10 juillet 2017 1 10 /07 /juillet /2017 18:00

Ils lacent solidement leurs chaussures. L'odieux passage en caisse est maintenant terminé. Ils se sourient, délestés des formalités qui conditionnaient jusque là leur bonheur de l'après-midi. Ils descendent vers la rivière. Sur le quai de béton qui descend, depuis la route, jusqu'à la Charente, les embarcations colorées (une rouge, deux vertes, deux oranges, encore deux jaunes et une à la couleur indéterminée, entre prune et bordeaux) sont renversées. Ils se tournent vers le comptoir.

La jeune fille qui s'y trouve leur fait signe. Ils comprennent : prenez n'importe lequel. Ils se décident pour le rouge, sans vraiment se décider, parce qu'il faut bien en choisir un et que le temps, fatalement, leur est compté. Ils le retournent, le mettent à l'eau, y placent la grosse boîte hermétique ronde qu'on leur a prêtée pour y déposer leurs affaires. Par un hasard miraculeux, ils parviennent à monter dans l'embarcation sans chavirer. Leurs pagaies pénètrent dans l'eau. Ils naviguent.

Leur parure d'émeraude
Leur parure d'émeraude

Au début, ils peinent à trouver une trajectoire droite. A bâbord filent leurs rivaux, ces vacanciers, comme eux, qui sont sûrs de leurs gestes et éprouvent probablement du plaisir à être sur l'eau. Cependant, après quelques hésitations, le canoë - ou est-ce un kayak, quelle est la différence ? - paraît suivre une ligne invisible, et les bras eux-mêmes, et avec eux les épaules, le torse et la ceinture abdominale, semblent trouver une certaine monotonie dans leurs mouvements. Le voyage commence.

Leur parure d'émeraude
Leur parure d'émeraude

Leurs yeux, jusque-là rivés sur les mains qui tiennent les pagaies, scrutant l'eau comme une ennemie à frapper à intervalles réguliers, se libèrent un peu. Eux aussi naviguent d'une rive à l'autre, tantôt à gauche, tantôt à droite, pour y saisir des détails que l'on emportera à la fin de la balade. Tout est vert : le canot rouge dénote. La Charente est large et cernée par une masse d'arbres dont les parures bouffantes se jettent au-dessus de l'eau. Peut-être pour mieux s'y admirer.

Leur parure d'émeraude
Leur parure d'émeraude

Parfois se laissent voir les traces de la présence humaine. Dans le canoë, ou le kayak, puisqu'on y est assis, ils se demandent s'ils sont vraiment seuls ici. Ils distinguent un ponton, une grande demeure aussi où vivent probablement de chanceux châtelains. Nulle part, cependant, on n'aperçoit d'homme, de femme ou d'enfant, ni on n'entend leurs voix ou leurs cris. C'est le vent, seulement, qui, se lovant dans les feuilles des chênes et des châtaigniers, donne sa mélodie à la promenade.

Leur parure d'émeraude
Leur parure d'émeraude

Ils s'engouffrent dans un bras de la rivière. D'un coup, les rives se font plus proches : la végétation, en même temps qu'elle se fait plus menaçante, révèle aussi un luxe de détails. Encore des traces d'un passage humain : tracteur rouillé, ruines abandonnées : comme tout ceci est fugace. Le soleil parvient à percer, avec difficulté, cette armée de troncs et de branchages. Cela crée des jeux de lumière, indiquant une présence d'esprits ou bien d'anges.

Leur parure d'émeraude
Leur parure d'émeraude

Ils se sont arrêtés, ont mangé, sont repartis. Ils voguent sans parler maintenant, s'émerveillant en silence, le cœur gonflé de découvertes. Ils sont poursuivis par de petites traces lumineuses bleues et vertes qui virevoltent et disparaissent, et par une ribambelle de prophètes à huit pattes qui marchent sur l'eau. Bientôt la fin, se disent-ils. Ils se rassurent en se promettant d'y revenir. Ils imaginent d'autres rivières, d'autres petites escortes, d'autres forêts sous-marines. Ils touchent terre.

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4 juillet 2017 2 04 /07 /juillet /2017 18:00

Leurs corps l'un dans l'autre, ils s'aimaient. Il l'embrassait dans le creux de son cou, dégageant de la main ses cheveux bruns qui s'affolaient sous les coups. Elle le caressait, sur le visage et sur le poitrail, sur ses épaules et sur ses fesses, redoutant son plaisir ou bien qu'il s'affaisse. Leurs bouches, si proches, se cherchaient et se chatouillaient, et parfois même les dents se heurtaient, provoquant des rires francs et animaux dans la couche. Ainsi ils s'aimaient, mouillant de leurs salives leurs corps suaves et sauvages.

Toute bonne chose a une fin. Quand Henri trouva son plaisir, il bascula et s'écroula sur la paillasse qu'on avait, pour l'occasion, rembourrée par simple précaution. Il la regardait, cette jeune et jolie femme, qu'en Béarn il avait rencontrée. Elle, elle fermait les yeux, attentive à son corps, à son ventre aussi qui, peut-être et si la chance lui souriait, portait déjà un royal héritier. Il lui prit la main, avec une douceur infinie, et lui murmura des mots que la tendresse lui dictait.

Au plaisir de notre bon roi
Au plaisir de notre bon roi

Derrière les volets perçait le jour et les rumeurs du marché qui s'établissait à peine parvenaient aux oreilles des deux amants. C'était d'abord de faibles conversations qui se transformèrent bientôt en un intense piaillement, brouhaha composé des bavardages bravaches des brocanteurs et des blagues bon enfant des camelots qui flambaient là de délicieux rots. Enfin les odeurs, celles de pain chaud et de viande cuite, leur parvint et Henri n'y tint plus : il voulut descendre.

Au plaisir de notre bon roi
Au plaisir de notre bon roi

Se saisissant d’une chemise, il rajusta sa culotte et, l’instant d’après, il était déjà dans ses bottes. Elle demeurait là, dans le lit, à moitié nue, recouverte à peine du drap grossier qui avait enveloppé leurs ébats. Il lui promit de revenir bien vite, ce qu’il pensait faire car la vue de ce corps blanc et charnu faisait déjà bouillir son sang. Elle lui sourit d’un sourire comme une promesse et ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, il n’était déjà plus dans la pièce.

Au plaisir de notre bon roi
Au plaisir de notre bon roi

Sur le seuil, la porte était entrouverte pour laisser passer le jour. Deux soldats en faction regardèrent leur seigneur dont ils avaient entendu les exploits mais ils n’osèrent, les gaillards, témoigner au roi de leur virile solidarité. Ils s’écartèrent, penauds et envieux, de ce que cet homme pouvait faire selon son bon plaisir tandis qu’eux, vermine sans noblesse, éprouvaient les pires difficultés à trouver dans le mois une aimable maîtresse.

Au plaisir de notre bon roi
Au plaisir de notre bon roi

Au marché, tout attirait Henri. Son ventre réclamait son dû tandis que son vît n’en pouvait plus. Les poulardes rôties, le lard gras, les pommes rouges et le bon vin lui lançaient des regards à peine farouches. Lui, bon prince et seigneur en tout lieu, déliait les cordons de sa bourse autant de fois que le lui ordonnait son appétit. Il tendait même à la faible troupe qui l’entourait ce qu’il ne souhaitait plus manger. Comme un coq en pâte, comme un poisson dans l’eau, il évoluait sans hâte au milieu des cailles et des rillauds.

Au plaisir de notre bon roi
Au plaisir de notre bon roi

Se souvenant de l’ultime délice qui l’attendait, la panse tendue des victuailles dégustées, il se dirigea vers l’une des hautes maisons qui entouraient la place.  Mais l’un de ses fidèles capitaines le coupa dans sa retraite. En un mot, Paris, notre bon Henri comprit. La politique n’attendait pas et Labastide en Armagnac resterait. Galant, il monta dans la chambre pour s'excuser. D’un seul regard elle comprit, détourna la tête et, poliment, le congédia.

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28 juin 2017 3 28 /06 /juin /2017 18:00

De leurs naseaux humides s'échappent leurs souffles blanchâtres. Février est rude, cette année. Le froid pénètre jusqu'aux os et semble étreindre les corps, massés et groupés pourtant, en les figeant, comme un avant-goût de mort. Les bêtes, comme les hommes, piaillent d'impatience. Comme leurs maîtres montés, elles ne veulent que s'élancer, agiter leurs muscles, sentir le sang battre les tempes et paniquer le cœur.

Comme à son habitude, la foule, avide de spectacle, volontiers rieuse et cruelle, bruit d'excitation. Pour ainsi dire, c'est pour chacun jour de fête : pour le prince qui se marie, pour le bougre, taillandier ou chasse-pochée, qui se repaît des chocs brutaux d'hommes lancés l'un contre l'autre et séparés d'une barrière habillée. Et le peuple voit aussi, lui faisant face, l'auguste assemblée des mariés et de leurs invités. Chacun, de part et d'autre, reconnaît en face qui son seigneur, qui son serviteur.

Pyrogravé
Pyrogravé

Personne ne les a vus s'élancer mais tous ont entendu le bruit sourd. L'une des lances s'est brisée : celle du Lorrain. Il mène, donc. Son écuyer, déjà, s'agite, tempête sur les valets qui tardent à venir, accourent enfin, et enfin le cavalier prend dans son gantelet sa nouvelle pique. D'un bout à l'autre, à nouveau, ils se toisent, et d'un coup de pied font bondir leurs montures. Cette fois-ci, tous les regards sont rivés sur les chevaliers. La bataille est fameuse. La place gémit.

Pyrogravé
Pyrogravé

Une lance partout. Puis le Bavarois prend l'avantage, rejoint ensuite par le Lorrain. Sur l'engagement suivant, les deux lances se brisent : un morceau de bois de quelques pouces de long balafre le visage d'un garçonnet, que son père tient par les épaules, au premier rang. Le sang, enfin ! L'incident fait pâlir le noble visage d'une dame d'honneur : mais un verre de vin lui redonne des couleurs. Pendant ce temps, le Bavarois a encore, de son adversaire, éprouvé l'armure.

Pyrogravé
Pyrogravé

Lancé au galop, le Lorrain engage de nouveau : il touche. Puis, sur l'engagement qui suit, non seulement sa lance se brise, mais le Bavarois est projeté à terre. Les vivats saluent l'exploit. Le jeune duc se lève : il déclare le pays de son épouse vainqueur. Ce n'est que juste récompense pour l'homme qui, ôtant son casque, s'agenouille devant son seigneur, porté vers lui par les célébrations du public. Mais dans les coulisses on s'agite : le camp du vaincu, manquant de points, veut donc jouer des poings.

Pyrogravé
Pyrogravé

Aussitôt deux bandes surgissent. D'un côté comme de l'autre, ils sont une trentaine, chaque homme de la troupe hurlant des encouragements à ses congénères dans des patois germaniques. Le peuple n'en peut plus : il exulte. Ça décoche, ça esquive, ça enfonce et ça tape sec. Les mains, habituées à prendre épée, se sont durcies comme des pierres : elles s'envolent vers les visages, glabres pour l'occasion, dépourvus de heaumes, ouverts à tous les gnons. Sur les pommettes et sur les phalanges brille le sang.

Pyrogravé
Pyrogravé

Le duc soudain se lève. Pour lui, c'est un piètre spectacle, à peine divertissant. Son épousée, particulièrement, sent l’humiliation subie par ses gens. Le duc tonne, le duc menace : le combat cesse. Prenant la parole, il félicite les Lotharingiens, vainqueurs aujourd’hui. Mais le grondement de la plèbe l’inquiète. Puisque les Bavarois ont gagné leurs cœurs, ce sont eux que l’éternité célébrera : et tous les jours à la même heure, les soldats de bois qui gagneront seront les Munichois.

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22 juin 2017 4 22 /06 /juin /2017 18:00

Les voitures sont arrivées dans la cour. J'entends les cailloux crisser sous les caoutchoucs. Des hommes descendent maintenant des voitures et parlent entre eux dans une langue que je ne comprends pas. L'infirmière a dit que c'était les Allemands. Elle nous a ordonné de nous cacher. Elle viendra nous chercher quand tout sera terminé. Alors nous attendons en silence, dans le grand réfectoire où les moines mangeaient autrefois.

Thérèse : c'est l'infirmière, mais c'est aussi la chef de l'établissement, nous a raconté que les moines prenaient leur repas en silence, et qu'ils mimaient des signes entre eux pour communiquer: demander le sel ou l'eau. Gaston : c'est un copain, il dit que les moines devaient même roter en silence. Il y croit dur comme fer mais nous, on se moque de lui pour ça. Thérèse, elle, n'aime pas qu'on plaisante là-dessus. C'est un lieu consacré, dit-elle.

La chance des poitrinaires
La chance des poitrinaires

En tout cas, ce n'est pas le moment pour roter. Ni pour aucun autre bruit du corps. À côté de moi, il y a un enfant qui n'a rien à faire dans le préventorium. Je me demande si ce n'est pas dangereux pour lui de rester là. Certes, l'année dernière, il n'y a eu que sept cas de tuberculose mais, tout de même, je trouve ça étrange de tenter le Diable comme ça. Qu'on me pardonne de citer son nom, à lui, surtout dans une ancienne abbaye. Si ça se trouve, ce sont les Allemands qui sont les diables aujourd'hui.

La chance des poitrinaires
La chance des poitrinaires

L'enfant s'appelle Joseph. Quand il est arrivé, il avait une étoile jaune brodée sur son veston.  Thérèse l'a décousue et lui a dit de faire comme on faisait nous. Thérèse nous a dit que les Allemands avaient pris ses parents et qu'il ne les avait jamais revus. Moi, les miens sont à la campagne mais c'est pour mon bien qu'on m'a placé ici. Pour me soigner. M'est d'avis que les Allemands ne voulaient pas soigner les parents de Joseph.

La chance des poitrinaires
La chance des poitrinaires

Il tremble comme une feuille. Je le regarde, je lui prends la main et il se calme un peu. Thérèse est descendue voir les Allemands. Elle discute avec eux. Malgré le silence qui nous entoure, j'ai peine à distinguer ses mots. Je crois qu'elle parle d'épidémie de tuberculose. C'est n'importe quoi : personne n'est malade ici. Mais Thérèse sait sûrement ce qu'elle fait. Was ! : le cri de l'Allemand : ça doit être le chef, a résonné jusque sous le plafond du réfectoire.

La chance des poitrinaires
La chance des poitrinaires

Elle répète : quarantaine ! Ici, personne ne pipe mot. Dans la cour, le chef des Allemands est furieux. Il soliloque. C’est un drôle de mot, soliloque. Je l’ai appris dans un dictionnaire de la bibliothèque. L’Allemand repasse au français. A Thérèse, il donne du chère madame et du toutes nos excuses. Les bottes sur le gravier, les moteurs des voitures, quelques consignes dans cette langue étrange. Ici, on souffle !

La chance des poitrinaires
La chance des poitrinaires

Ce sont ses pas qui résonnent dans le couloir. Jusqu’au dernier moment, nous retenons nos souffles. Joseph, à côté, ne peut retenir ses pleurs. Je lui tapote l’épaule en signe amical. La porte s’ouvre soudain et Thérèse entre. Autour d’elle, nous nous précipitons. Nous lui posons mille questions, d’une voix basse qui craint encore d’être entendue. Elle pose la main sur les têtes qui l’assaillent, la mienne particulièrement, nous regarde et nous dit, puisque c’est l’heure, d’aller nous laver les mains avant de déjeuner.

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16 juin 2017 5 16 /06 /juin /2017 18:00

En vérité, ils s'étaient attendus à un autre comité d'accueil. Lorsqu'ils descendirent de la voiture, laquelle était banalisée pour ne pas attirer une attention par trop soutenue, ils n'eurent pour seul tapage que le cri des gabians. Au loin ils virent le maire se dépêcher, veste de tous les jours sur le dos, accompagné d'une personne, adjoint probablement, qui sans cesse se retournait vers le premier citoyen, lequel ne devait pas marcher assez vite à son goût.

Les présentations furent rapidement faites. Ces messieurs de la délégation étaient au nombre de trois. On les pria de bien vouloir se donner la peine, ce qu'ils firent bien volontiers, et ainsi la petite équipe se dirigea vers le centre. Bien que le temps leur fût compté, monsieur le maire voulait à tout prix leur faire visiter la vieille ville, antique, médiévale même, qu'un château, ou plutôt ses ruines, surplombait. Le jour était superbe et la mer était bleue : Gruissan semblait se lover dans la douceur de ses qualités.

Prendre racine
Prendre racine

Ces trois messieurs de la délégation de l’État furent polis. Ils admirèrent dans un silence respectueux les maisons séculaires, sourirent à l'évocation des bains de mer, très prisés en été, ne cachèrent point leur contentement de parcourir des rues que les minots, par courtoisie ce jour-ci, leur avait abandonnées. Cependant le plus grand des trois : qui était aussi chauve, et portait des lunettes ainsi qu'un air sévère, désigna sa montre à monsieur le maire. Le temps : voilà le souci.

Prendre racine
Prendre racine

Monsieur le maire, toutefois, ne semblait en avoir cure. La montre, disait-il, c'est bon pour les Parisiens : ici, nous avons le soleil. Manière de dire qu'il agirait à sa convenance, et que l'on vivait bien mieux ici, puisqu'au rythme de ses envies. Vision idyllique et exagérée : monsieur le maire en convenait fort bien en son for intérieur. Malgré ses réticences, il céda et commença de se diriger vers la plage. C'est là que les trois messieurs seraient exaucés : une trentaine de personnages à l'accent chantant (mais à la figure menaçante) les y attendait de pied ferme.

Prendre racine
Prendre racine

Ici, disait le rapport, que dans la commune on avait lu de façon très attentive, et plusieurs fois même pour être bien sûr de son contenu, allait être construit un complexe immobilier. Expression complexe pour une réalité bien simple : une cascade de béton se déverserait ici, s'amoncellerait et finirait par prendre racine face à la Méditerranée. On envisageait, pour les mois d'été, la venue de milliers de vacanciers, sevrés de soleil dans leurs nordiques contrées, qui sans retenue y dépenseraient leurs francs durement gagnés.

Prendre racine
Prendre racine

A la surprise de ces trois messieurs : c'était des inspecteurs, puisqu'il faut être précis, et qu'ils s'étaient présentés ainsi, la plage était occupée. Par une foule, c'était entendu, et évidemment attendu, mais aussi, et cela l'était moins, par des rangées de chalet. Vision étrange, au demeurant, d'un littoral peuplé de montagnardes bâtisses, quoique les pilotis induisissent une particularité lacustre. Raccordés à l'eau et pourvus en électricité, précisa le maire. Ces trois messieurs en étaient bouches bées.

Prendre racine
Prendre racine

Ils étaient donc confus. On leur avait payé le billet de train, ils avaient un rapport à écrire. Devant eux la foule grossissait de mécontents qui refusaient, ils le hurlaient, qu'on détruise ainsi leurs chalets. D'aucuns proposèrent alors qu'on donne à ces gredins-là un bain de mer. Pendant ce temps, le maire et son adjoint avaient disparu. D'un coup d’œil, les trois messieurs se concertèrent. Après tout, la plage pouvait bien rester nue.

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